Avast paiera 16M$ pour avoir vendu les données de ses utilisateurs

Avast Espionnage Données

Le couperet est tombé pour Avast, l’antivirus utilisé par des millions de personnes, qui a vendu pendant des années les données de ses utilisateurs à leur insu. Les conclusions de l’enquête d’un régulateur américain sur les pratiques douteuses de l’éditeur de logiciel basé à Prague étaient attendues. Elles viennent d’être rendues : Avast va devoir s’acquitter d’une amende de plusieurs millions de dollars. Retour sur cet épisode qui met à mal la crédibilité de l’entreprise.

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Avast, un antivirus gratuit très populaire

435 millions : c’est le nombre d’utilisateurs d’Avast à travers le monde. L’antivirus est à ce jour l’un des logiciels les plus populaires, notamment en France, qui fait partie des 5 pays comptant le plus d’utilisateurs du service.

Ce n’est donc pas la première entreprise venue dans le domaine de la cybersécurité, qui tente de véhiculer au quotidien l’image d’une solution fiable auprès du grand public. En plus de tenter d’entretenir une excellente réputation, Avast avançait un argument de taille : celui de proposer une version gratuite offrant de nombreuses fonctionnalités.

Avec cette promesse d’une protection numérique sans frais, il est ainsi facile de comprendre pourquoi l’antivirus faisait tant d’adeptes.

Les données des utilisateurs vendues à leur insu

Malheureusement, tout ce discours de sécurité et de confiance a été mis à mal par des investigations récentes sur les pratiques douteuses de l’entreprise derrière l’antivirus. En effet, selon une enquête menée conjointement par Vice et PCMag et publiée en 2020, l’éditeur du logiciel a vendu les données confidentielle de plusieurs millions de ses utilisateurs à leur insu à de grandes entreprises entre 2014 et 2020.

L’alerte avait été transmise à la Federal Trade Commission (FTC), le régulateur américain de la concurrence, qui s’était alors emparé du sujet. Depuis, on attendait d’avoir le fin mot de l’histoire. C’est désormais chose faite puisque le résultat de l’affaire a été révélé il y a quelques jours : après avoir analysé tous les éléments à sa disposition pendant de nombreux mois, la FTC a condamné Avast à payer une amende de 16,5 millions de dollars. Une annonce retentissante qui secoue le monde de la tech.

100 millions d’appareils concernés

En effet, comme le révélaient les deux médias américains, Avast avait créé une filiale Jumpshot, spécialisée dans le marketing numérique, avec pour objectif avoué de fournir à de grands groupes comme Sephora, Google, L’Oréal et Microsoft, des rapports qui détaillaient précisément le comportement de leurs clients potentiels sur internet : un recensement de tous les clics des internautes, l’intégralité de leur historique de localisation, toutes leurs recherches Google et YouTube, ainsi que l’ensemble des contenus visionnés sur des sites pour adultes.

Au total, Jumpshot commerçait les données correspondant à 100 millions d’appareils appartenant à des utilisateurs d’Avast. “Chaque recherche, chaque clic, chaque achat. Sur chaque site”, affichait encore fièrement Jumpshot sur son Twitter il y a quelques années de cela.

Même si ces informations étaient en principe anonymisées, il pouvait être assez facile d’identifier un individu en recoupant les différentes données le concernant. Si une personne avec de mauvaises intentions avait un jour accès à cette base de données, les conséquences pourraient être terribles pour les utilisateurs concernés.

Les conséquences de l’enquête

Suite à ces révélations, Avast a fermé la filiale Jumpshot et s’est défendu en prétendant avoir supprimé tous les éléments permettant d’identifier ses utilisateurs avant de revendre leurs données. Des mesures qui n’ont visiblement pas convaincu la FTC, qui a donc infligé une lourde sanction financière à Avast. Le gendarme américain a de plus exigé que l’entreprise Tchèque cesse son discours trompeur sur ses méthodes de collecte et de gestion des données.

Contacté par The Verge, Avast a répondu par l’intermédiaire de son porte-parole, qui a déclaré “ne pas être d’accord avec les conclusions de la FTC”, tout en avouant être “heureux de résoudre cette affaire”.

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